Rencontre avec un auteur talenteux et humoristique. Ses racines ? Il les trouve au cinéma, au Japon ou à la télévision. Il les mélange et nous les offre pour mieux nous faire rêver.
Bonjour Stan, il paraît que tu n’aimes pas trop,parler de toi sauf quand tu as bu. Cette interview est un portrait de toi. Est-ce qu’un verre d’eau conviendra ou, du fait de Biguden, tu préfères le mélange saké-chouchen ?
Stan Silas : Je déteste le chouchen. Je préfère le saké à la rigueur, mais comment le sais-tu ? (rires)
Je me renseigne
Stan Silas :J’ai encore du trop parler. (rires)
Il y a presque deux ans, tu écrivais : « Dans la bande dessinée, ce qui marche, ce qui fait rentrer du pognon, c’est le local, la bande dessinée régionale ». Tu ne fais pas ce métier pour l’amour de l’art ?
Stan Silas : J’ai dit çà ? En effet, je suis là pour le pognon (rires). Ca se voit. (il montre sa veste, son t-shirt, sa casquette).
La série Norman, qu’il soit question de Norman Bates ou Norman Osborn montre une classe particulière.. Pourquoi la représenter avec des enfants psychopathes, une maîtresse alcoolique ?
Stan Silas :Je ne suis pas super fan des enfants, mais ils ont pour eux de dire ce qu’ils pensent, sans retenue. S’ils ont envie d’être méchant, ils le sont vraiment. C’est pratique pour moi, les enfants.
Comment est née ta deuxième série Sylvaine ?
Stan Silas : Sylvaine est un personnage que j’affectionne particulièrement. C’est une occasion de rire sur les choses affreuses de la vie. Je me suis servi d’un enfant naïf pour montrer les horreurs de la vie. Ca me fait beaucoup rire, même si ça grince à quelques endroits. C’est le Rémi Sans Famille rigolo que je voulais mettre en place.
Revenons à Biguden. N’est-il pas trop difficile d’expliquer à un éditeur suisse, la breizh-attitude, mâtinée de Japon ?
Stan Silas : Je ne me suis pas cassé la tête. Je lui ai envoyé 6 planches avec une idée de scénario. La réponse positive a été immédiate. Mon éditeur devait être super ouvert ou… Il y avait un truc…
J’ai cru comprendre que tes dédicaces sont principalement des chats et des meurtres. Pour Biguden, tu feras des crêpes et des seppuku (le suicide rituel japonais) ?
Stan Silas : Pour les premières dédicaces, j’ai surtout fait des Biguden en bateau, mais on me demande aussi la grand-mère avec des korrigans. Ce sont essentiellement les dédicaces que je ferai 150 fois ce week-end.
J’espère que tu en feras plus de 150
Stan Silas : Pas moi (rires), mais si je pouvais en vendre plus, ce serait bien.
Au-delà de la parodie, Biguden est un réel hommage aux deux cultures. Si pour la Bretagne, tu es rennais, d’où viens ton savoir sur le Japon ?
Stan Silas : Je suis passionné par le Japon depuis tout-petit. Ca a commencé avec Dragon-Ball (que je regardais encore au lycée). J’étais dans l’animation japonaise et les mangas depuis très longtemps. Comme beaucoup de gens de mon âge, je m’y suis intéressé, j’ai appris des choses. Dans le livre, ce n’est pas très élaboré. Je me sers surtout des clichés qui nous font rire.
Si tu délaisses les meurtres de Norman, Biguden est assez tapageuse. Comment expliques-tu cette violence dans tes livres ?
Stan Silas : Sur le caractère de Biguden, vous en saurez plus sur les tomes suivants. Personnellement, je préfère quand ça bouge. Dans ce livre, j’ai pu me faire plaisir, j’ai mis quelques scènes d’actions. Ca rend l’ensemble dynamique. Elle a du caractère et ça vole !
Par-rapport au caractère, on remarquera que Biguden peut avoir des yeux rouges par moment. Ca m’a fait penser aux berserkers.
Stan Silas : En effet, ce n’est pas pour rien qu’elle a cette particularité, mais je ne peux pas en dire plus. Il n’y aura que trois tomes, donc « l’énigme » sera vite résolue.
Si on pense que Sylvaine trouve Biguden très bien, que pense Norman de l’Ankou ?
Stan Silas : Je pense qu’il doit être un peu déçu. L’Ankou tue parce que c’est son travail et il n’est pas spécialement ravi de le faire. Pour Norman, le meurtre, c’est une passion.
D’ailleurs, ton personnage de l’Ankou est un peu empôté.
Stan Silas :En effet, mais, ça aussi, ça pourrait changer.
Peut-on espérer avant septembre 2015 un deuxième tome ?
Stan Silas : J’espère pouvoir terminer Biguden et ses trois tomes d’ici la fin de l’année prochaine. Ce qui me prend le plus de temps, c’est l’histoire et le story-board. Le dessin et la couleur, je peux travailler plus rapidement.
Un réalisateur a commencé dans le gore, comme toi, avant de faire un virage presque total dans le fantastique et la fantasy. Il est question de Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux, King Kong, Bad Taste, Brain Dead, etc.). Espères tu faire le même parcours ?
Stan Silas : (Il pouffe) Si je pouvais, ça serait génial. Beaucoup de réalisateurs et d’acteurs connus aujourd’hui ont commencé dans des petits films d’horreur. Je n’ai pas fait çà pour çà, mais ça serait cool.
Entre 2007 et 2011, tu es assez productif, avec 7 albums. Est-ce pour battre Ced ?
Stan Silas : Non, on n’est pas sur le même registre. Ced fait du scénario, c’est très facile. (Rires). Non, Ced est un pote, qui est aussi productif et qui fait du théâtre d’improvisation à côté. Moi, je ne fais que de la bande dessinée.
La réponse de Ced : Faire du scénario, c’est plus facile, mais faire du bon scénario, sans mettre tout le folklore breton pour rameuter le plus de lecteurs possible à Saint-Malo. Faire du vrai scénario, ça prend un peu plus de temps.
Enregistré durant Quai des Bulles 2014
Lire la chronique de Biguden t1