LE PHARE AU CORBEAU : LA SOIRÉE

Le 10 septembre dernier, Rozenn Illiano rencontrait ses lecteurs à L’Heure du jeu. Si Le Phare au corbeau est son premier roman à compte d’auteur, elle a déjà édité une dizaine de romans, des albums illustrés, en auto-édition. Quand elle a commencé, elle créait des bijoux, elle illustrait… Petit à petit, seule l’écriture est restée. Elle a commencé par des nouvelles, avant de passer progressivement au roman. Actuellement, elle n’écrit que çà. Si le genre diffère (urban fantasy, vampirisme, etc.), la plupart de ses histoires sont reliées vers une fin, une apocalypse qui aura lieu le 18 janvier 2016. Pour se retrouver dans les différents récits, elle utilise le logiciel Aon Timeline..
Au quotidien, elle écrit 4 à 5 heures par jour. Généralement, elle a envie de traiter un sujet qui lui tient à cœur, ou une chronologie en particulier. Quand elle a une idée, il y une phase intense de documentation. Pour Le Phare au corbeau, ce fut 15 jours avant de pouvoir écrire. Ce livre a été écrit en un mois. C’est le cas de la plupart de ses écrits. Si elle ne suit pas le Nanowrimo (1), elle en suit le principe. Elle connaît le début et la fin de l ‘histoire. Elle écrit de façon architecturale. Elle a besoin de tout connaître et d’organiser son univers. Elle écrit au fil des chapitres.

Avec cette histoire, elle voulait écrire sur la Bretagne, plutôt sur les Côtes d’Armor, car ses grands-parents en sont originaires. Elle ne veut pas être cataloguée folkloriste, car elle connaît mal celui de la Bretagne. Ce qu’elle raconte, au-delà des contes, c’est l’omerta qu’il y a dans les villages, le fait qu’on appelle sorcière des femmes seules, différentes, qu’on va stigmatiser. Dans ce récit, il y a un mélange de deux fantastiques : celui traditionnel avec cette ambiguïté, cette hystérie collective qu’il peut y avoir. A côté il y a un fantastique plus moderne, plus pop-culture. Le phare au corbeau mélange la classique histoire de fantômes, mais aussi une partie moderne avec son enchevêtrement dans les époques. Le phare au corbeau montre deux exorcistes qui sont des personnages parallèles. Agathe est bisexuelle, elle peut voir les esprits. Isaïah est homosexuel et peut conjurer les esprits par les sorts. Rozenn voulait montrer ce parallélisme et cette opposition (lui est accepté par sa famille/elle a été rejetée). Dans cette histoire, la nouvelle enquête va se révéler plus compliquée que prévue. Si on suit la première aventure du duo, le sous-titre (Magie grise) laisse imaginer une possible suite. Rozenn insiste sur le « possible » car son roman se passant en 2014, elle n’a pas beaucoup de marge avant l’apocalypse de son grand projet.

Etre éditée à compte d’auteur, ça change tout. D’habitude, elle n’a pas de bêta-lecteur, de correcteur. Rozenn considère que c’est sa création. Avec ce nouveau roman, elle a du s’entourer de l’équipe éditoriale de Critic. La direction d’ouvrage fut confiée à Étienne Vincent. La partie correction n’a pas été simple. Étienne lui a demandé de faire des phrases plus courtes. Elle a eu l’impression de changer son style. Seul un chapitre a été réécrit et toutes les propositions de son directeur d’ouvrage n’ont pas été acceptées. Au final, Rozenn se demande si son style n’a pas changé, comparé aux autres livres.

Quand on lui demande pourquoi être éditée chez Critic, elle répond en souriant : «Ils vont arrêter de me casser les pieds à leur envoyer un roman.».

(1) Le Nanowrimo est un événement qui se déroule tous les ans au mois de novembre. C’est l’acronyme de National Novel Writer Month (mois national de l’écriture d’un roman). Il s’agit d’écrire un roman de 50 000 mots en un mois