MAUDIT SOIS-TU T1 : ZAROFF

Cette chronique fait partie d’une série d’articles ayant pour thématique le personnage du général Zaroff. Vous pouvez retrouver la totalité des articles sur la page dédiée.

A la suite d’un meurtre, l’enquêteur, le médecin légiste, une journaliste et l’amie du défunt, tous sont amenés à être en relation avec un mystérieux oligarque russe : Nicolas Zaroff. Pourquoi le milliardaire s’intéresse à eux ?

Le scénario de Philippe Pelaez montre la traque que mène Zaroff. Le personnage n’apparaît tout d’abord qu’au second plan, mais comme le souligne son discours du début : « La chasse a déjà commencé ». S’il est peu présent, on voit ses actions. Tel un joueur d’échec, il mène ses futures proies, là où il le souhaite. Le personnage est mystérieux et ce n’est qu’au deuxième tiers de l’ouvrage, qu’il va se révéler. Le personnage de Zaroff se veut semblable , mais l’auteur a voulu en faire quelqu’un de différent. Il est plus manipulateur et on apprendra qu’il est mené par une autre quête que la chasse : la vengeance. Là où l’original et les autres adaptations laissaient une chance aux proies, ici, elles sont droguées, traquées dans des vêtements inadaptés. Quant à l’avance donnée, elle est de 5 minutes… Ce Zaroff est plus un exécuteur qu’un chasseur. Pour ceux qui suivent la série d’articles sur le personnage, il est curieux de noter que deux ouvrages sortis à quelques mois, donnent le même prénom à un personnage qui, à la source, n’en a pas.
A ses côtés, il y a le docteur Moreau. Apparemment, descendant du personnage de H.G Wells, il a une certaine façon de considérer la science. Selon ses termes, il faut se débarrasser de la vision de Dieu pour se sentir libre. Considéré soit comme un génie, soit comme un fou, il apparaît aussi comme malade. Il se soigne par une drogue qu’il s’injecte régulièrement.
Le travail de Carlos Puerta est fantastique. De premier abord, on pourrait penser qu’il fait du photoréalisme. En fait, l’auteur espagnol mixe le traditionnel et le numérique. Le crayonné est traditionnel, réaliste, alors que la mise en couleur est numérique. Comme dans tous ces albums, Carlos Puerta a le souci du détail : d’où viens la lumière, quels sont les sentiments des personnages, où mettre le cadre du texte ? Chaque case est une peinture en soi et l’auteur y apporte un soin particulier. Si le fantastique est présent dans le récit, l’auteur ne va pas en accentuer la présence, mais il va la rendre floue. L’ensemble contient alors un côté bizarre, irréel.
Au terme de la lecture, nous sommes mitigés. L’album est réussi, mais il y a des questions en suspens. Les réponses devraient apparaître dans les deux autres tomes, situés en 1848 et 1816.

Philippe Pelaez et Carlos Pueira signent ce premier tome d’une trilogie, à rebours. Si ce tome peut se lire indépendamment, les questions laissées trouveront leurs réponses dans les suivants. Il permet d’apporter un nouvelle vision de Zaroff et de ses chasses.

MAUDIT SOIS-TU T1 : ZAROFF
AUTEUR : PHILIPPE PELAEZ
DESSINATEUR : CARLOS PUEIRA
EDITIONS : ANKAMA

DANS LA TÊTE DE SHERLOCK HOLMES T1/2 : L’AFFAIRE DU TICKET SCANDALEUX

Un agent de police apporte un individu suspect au docteur Watson. Habillé d’une chemise de nuit, vêtu de chaussons dépareillés, il a une clavicule cassée. Reconnaissant un de ses confrères, le docteur Watson s’empresse de savoir ce qui s’est passé, ainsi que Sherlock Holmes. Ce dernier note plusieurs indices et déjà, son cerveau fonctionne à plein régime. Une poudre mystérieuse et un ticket de spectacle vont être les prochains indices de cette enquête inédite.

La plupart des lecteurs vous le diront. Une bande dessinée se lit en peu de temps. De l’autre côté, on n’a jamais su ce qui se passait dans la tête de Sherlock Holmes. Cyril Lieron et Benoît Dahan ont résolu les deux problèmes. Avec L’Affaire du ticket scandaleux, on suit l’enquête en cours, mais aussi ce qui se passe dans la tête du détective. Si l’idée est brillante, tenir le lecteur en haleine sur 48 pages est une autre histoire. Heureusement, les auteurs ont fait travailler leurs petites cellules grises et l’histoire tient la route tant scénaristiquement que visuellement.
Qu’est-ce qui distingue une bande dessinée d’un roman ? C’est le jeu entre les images et les lettres. Souvent, le scénario décrit l’endroit, la position des personnages, voire le dialogue. Le dessin va se positionner sur le scénario. Dans cette nouvelle série (trois retirages à ce jour), le livre n’est pas qu’un support, il est lui-même l’objet pour comprendre toute les subtilités de l’enquête !
Au lecteur le moins attentif, les auteurs offrent un fil rouge (une référence à Une étude en rouge ?) qui permet de suivre les pérégrinations des personnages, l’avancement de l’enquête et évidemment, ce qui se passe dans la tête de Sherlock Holmes. Quant aux autres, ils ne peuvent que s’esbaudir devant la mise en page de ce bijou. La coordination scénario-histoire-dessin-vu d’ensemble est parfaite. Chaque page est une oeuvre d’art à elle-même. Le mieux étant de jouer le jeu des auteurs et de retourner le livre dans tous les sens pour mieux apprécier ce moment ludique et littéraire. Quant à ce qu’il se passe dans la tête de Sherlock Holmes, nous ne révélerons qu’une chose… Ce que nous voyons est élémentaire ! Il fallait y penser !
Outre le scénario, le dessin et la mise en page, il ne faudrait pas oublier qu’il y a beaucoup de détails dans cette reconstitution historique. Habitations, vêtements, publicités, etc.

Ce premier tome de L’Affaire du ticket scandaleux est une excellente surprise. Tout y parfaitement orchestré et la lecture devient, non pas un plaisir mais un véritable jeu, que les auteurs nous proposent de partager avec nous !

DANS LA TËTE DE SHERLOCK HOLMES : L’AFFAIRE DU TICKET SCANDALEUX 1/2
AUTEURS : CYRIL LIERON-BENOÎT DAHAN
DESSINATEUR : BENOÎT DAHAN
EDITIONS : ANKAMA

COMMANDO CULOTTE

commando-culotteDans le livre Commando Culotte, on trouve principalement des films et des séries. Son autrice, Mirion Malle, critique les œuvres par le genre et le féminisme. Au lieu d’écrire (simplement) des textes, elle s’exprime avec humour par le dessin.

Quand le label 619 s’est créé, était-on conscient des œuvres qu’on y trouverait ? Avec une carte blanche aux auteurs et un nouveau mode d’expression graphique, le ton des livres est ouvert. Commando Culotte n’échappe pas à cette règle.
Mirion Malle a créé son blog en 2011. Elle va raconter sa vie, faire des essais de graphisme,mais aussi critiquer les films et les séries. Pour cela, elle va adopter une forme et un moyen particuliers : dénoncer le sexisme par le graphisme. C’est cette partie qui est adaptée en livre.
Il fallait oser, Mirion Malle l’a fait ! Que vous aimiez Games of Thrones, Sixteen Candles ou American Pie, Mirion pointe du doigt ce qui ne va pas et tape du poing sur la table. Si elle explique avec pédagogie, elle n’hésite pas à dénoncer tout sexisme. Au lieu de s’en prendre uniquement aux succès, elle critique aussi les films et séries qu’elle aime. Le livre n’est pas qu’un catalogue de critique (le blog non plus), on y trouve des articles démystifiant une certaine idée de la femme : Barbie versus He-Man, La culture du viol, Flingue ou rouge à lèvres, etc.
Je me répète, il fallait oser et j’applaudis à cette démarche. Elever notre esprit critique face aux « divins » médias, se poser des questions sur notre façon de se comporter avec l’autre est déjà une action importante. Le faire par le graphisme est original et permet à une partie du lectorat de mieux s’imprégner du discours. On pourrait discuter pendant des heures de l’aspect graphique, mais la lecture est agréable et le livre permet de voir l’amélioration de Mirion Malle.  Cependant j’ai quelques réserves. La police utilisée pour le livre est plus petite que celle du blog, d’où une fatigue (personnelle) de lecture.Le vocabulaire utilisé comporte des anglicismes voire de l’anglais sans que le terme/la phrase soit expliqué(e). Pour ceux qui lisent le blog, chaque fin de note permet d’avoir des liens et des explications supplémentaires. Ces « bonus » manquent dans le livre, mais il était difficile de les y insérer. Ce ne sont que des détails vu l’ensemble du travail accompli par l’autrice et les éditions Ankama.

Adaptation du blog éponyme, Commando Culotte renverse notre monde  dit « civilisé ». N’ayant pas la langue dans sa poche, étayant son propos d’exemples concrets, on en ressort secoué. Un excellent livre qui invite à re-penser notre place dans le monde et à suivre Commando Culotte.

COMMANDO CULOTTE
AUTRICE : MIRION MALLE
COLLECTION : 619
EDITIONS : ANKAMA

LA SELECTION 2015 : SFFF

sélectionLa fin de l’année approche, on s’énerve sur les cadeaux à offrir. Je vous propose donc ma sélection. Des livres que j’ai particulièrement apprécié cette année. Aujourd’hui, il sera question du genre imaginaire (science-fiction, fantastique, fantasy). Douze livres comme les douze mois de l’année.

  • Faire de la science avec Star Wars : Le nouvel épisode sort bientôt. Roland Lehoucq décrypte l’avancée scientifique de la saga en se posant la question : « Est-ce possible ? ». Les réponses sont surprenantes et l’auteur ne manque pas d’humour.
  • Winnie l’ourson : Qu’on soit accro aux histoires racontées par Jean Rochefort ou au dessin animé de Walt Disney, il est toujours bon de connaître l’œuvre source. Ici, c’est une compilation d’histoire prévue pour les jeunes. A lire, emmitouflé sous les couvertures.
  • Nanarland : A côté de la production cinématographique à gros budget, il en existe une moins connue. Certains sont des succès en leur pays, d’autres sont cachés au fond du grenier. Toute une face du cinéma est chroniquée. Si l’humour est présent, on sent aussi l’amour du genre. A ne pas réserver aux amateurs du genre, mais à tout esprit curieux.
  • C’est pas toujours facile d’être une créature fantastique : On les connaît tous pour les avoir lu ou vu à la télévision. Sirène, licorne, loup-garou sont des créatures fantastiques, mais sous la plume affutée de Sybilline et le crayon coloré de Marie-Voyelle, on découvre une autre facette de ces êtres. Une collection pour humaniser (sans cliché) et découvrir en douceur le bestiaire fantastique.
  • Lasser, détective des dieux T4 : Un nouvel épisode de notre détective préféré ça se déguste tout seul. Cette fois-ci, il se fait « voler » le rôle principal par Fazimel. Les aventures crées par Sylvie Miller et Philippe Ward son toujours aussi désopilantes. Cerise sur le gâteau, on peut, sans problème commencer par ce tome (ou un autre).
  • Ava T5 : Ca y est, c’est la fin de l’aventure pour Ava. Celle qui voit les fantômes tout en essayant de mener une vie d’adolescente normale doit prendre de grandes décisions. La saga fantastique de Maïté Bernard se passe dans les îles anglo-normandes. Une narration trépidante, un brin de frisson et « l’insolence » de l’adolescence.
  • La france steampunk : Depuis quelques années, on entend (re)parler du steampunk. Des passionnés créent les costumes, imaginent des intrigues, etc. Deux auteurs, (créateur du Guide Steampunk) vont inventer une uchronie avec l’aide de la communauté vaporiste française. Le résultat est un livre-objet magnifique où intrigue et photos se répondent.
  • Les outrepasseurs T3 : Et si les fées et autres créatures magiques existaient ? Si, au lieu des jolis récits, leurs histoires étaient tragiques ? Voilà une trilogie dramatique qui s’intéresse à la face cachée des contes. Surprenant et sombre !
  • L’instinct du troll : .Un troll, contremaître de son état, vit plusieurs aventures dans un monde de fantasy. Jean-Claude Dunyach mélange deux mondes, à-priori opposés : Le monde de l’entreprise et celui de la fantasy. Le résultat est hilarant.
  • Brainless : Pour sa nouvelle collection (Electrogène), les éditions Gulf Stream ont fait appel à Jérôme Noirez. Celui-ci livre un petit bijou d’insolence où il décrit notre monde. Le pitch ? Les adolescents sont victimes d’une maladie et deviennent des zombies. On n’en dit pas plus mais cette critique de notre société devrait trouver sa place dans chaque bibliothèque d’adolescents (et plus).
  • Le bâtard de Kosigan T2 : Pensez-vous que la fantasy est réservée aux auteurs anglo-saxons ? Que le scénario est toujours aussi pauvre ? Avec Le Bâtard de Kosigan (et cette suite), Fabien Cerutti nous prouve le contraire. Son intrigue se passe dans notre France de de 1340. Vous réviez de chevaliers, de fées et de magie ? Découvrez la barbarie, les complots politiques et en arrière-plan, la magie.
  • Mausolée : Une équipe spécialisée dans les missions à haut-risque, un patron qui cache bien des secrets, une technologie qui se rapproche de la science-fiction… Tout celà pourrait être uniquement imaginaire, mais Antoine Tracqui montre l’inimaginable : Une partie de son récit est véridique. A travers l’excellente fiction qu’est Mausolée, oserez-vous croire les faits ?

 

FREAKS’ SQUEELE T7 : A MOVE & Z MOVIE

freaks-squeelePiégés par un mur qui entoure leur faculté, les étudiants de la F.E.A.H se rebellent. Guerre médiatique autant qu’idéologique, cette bataille pourrait être bien la dernière. Le directeur de Saint-Ange entend bien jouer son joker. Selon lui, tout est permis…

Sept tomes de la série principale, trois spin-off… Croyez-vous que c’est vraiment la fin ? Sous cette forme en tout cas. L’originale série de Florent Maudoux, le roman graphique qui mange à tous les râteliers pour en tirer le meilleur tire sa révérence de la plus belle des façons. Avec un scénario qui déstabilise tous les personnages, l’auteur tisse une histoire qui dit clairement que ce n’est pas la fin, grâce aux lecteurs. Ce tome est un torrent d’amour envers son lectorat. Il n’oublie pas pour autant ce qui a fait le succès de la série : changement d’univers, bataille épique, graphisme emprunté à tous les genres graphiques… Il serait vain de lister ici toutes les influences, tous les clins d’oeil dont se sert l’auteur. C’est aussi un des gages de qualité de la série : Laisser le lecteur trouver les différents codes (et ils sont légions !).

Comment être critique devant un auteur qui se sert de son art pour mettre en scène ses références ? Florent Maudoux a bataillé pendant plusieurs mois pour créer cet ultime tome. Il nous laisse plusieurs centaines de pages pour lire, rire, s’émouvoir, s’esbaudir de son talent narratif et graphique. Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre, c’est relire la saga Freaks ‘Squeele et faire en sorte de faire vivre ces moments improbables.

FREAKS’ SQUEELE
T7 : A MOVE & Z MOVIE
AUTEUR : FLORENT MAUDOUX
LABEL 619
EDITIONS : ANKAMA

NANARLAND, LE LIVRE DES MAUVAIS FILMS SYMPATHIQUES : ÉPISODE 1

nanarlandUn film avec des mannequins en mousse, des dialogues incompréhensibles, des effets « très » spéciaux… Malgré un degré de culture proche de zéro, ces films vous font sourire. Vous aussi, vous êtes touchés par le virus « nanar ». Autant vous faire soigner avec  l’anthologie des mauvais films sympathiques.

Nanarland, avant d’être une anthologie est un site. On y trouve des chroniques, des interviews, des bandes-annonces, des extraits. Rien qui pourrait le différencier d’un autre site de cinéma, sauf que… Nanarland s’intéresse aux mauvais films. Ceux qui vous font rire, ceux dont vous vous demandez quel est l’artiste/l’escroc qui l’a tourné. Qu’ils soient des succès internationaux ou des films introuvables, le site regorge de pépites, chroniqués par une équipe aussi brillante qu’hétéroclite dont le seul but est de se/vous faire plaisir avec cette face cachée du cinéma (comme ils disent). A partir de ce moment, la machine s’est emballée : Nuits Excentriques, production de DVD, émission de télévision et maintenant cette anthologie.
La maquette est bien pensée. Dans un coffret évoquant la jaquette vhs, on retire un livre aux formes d’une … Vhs(Ce standard de la vidéo que les plus jeunes ne connaissent pas). Chaque film est méticuleusement détaillé. On résume l’histoire, on cite la meilleure réplique, on met l’anecdote qui fait rire (et il y en a pour notre argent) et on conseille des films de la même famille. Les cinquante films disséqués ici sont rassemblés sous 7 chapitres différents. Des super-héros aux monstres, des remakes (non-officiels) au cinéma d’auteur, c’est tout un pan de la culture cinématographique qui s’ouvre à nos yeux ébahis. De la France à Taïwan, de l’Inde aux Etats-Unis, il ‘y a pas un pays qui échappe à la vigilance des chroniqueurs « fous » de Nanarland. Si les résumés se moquent avec humour de l’histoire, on sent qu’il y a une certaine passion pour ce genre de films.  Chaque partie possède un bonus des plus ludiques et la fin vous réserve des extraits d’interviews.

On pourrait dire que ce livre est réservé aux amateurs du genre, mais vu la qualité et l’exigence de la sélection, cet objet est à offrir à tout curieux du cinéma. Le lecteur va être tour à tour sidéré, ému, il va rire aux éclats vu les anecdotes qu’on lui raconte. A mettre aux côtés de la collection Craignos Monsters de Jean-Pierre Putters.

NANARLAND, LE LIVRE DES MAUVAIS FILMS SYMPATHIQUES EPISODE 1
AUTEURS  : NANARLAND-FRANCOIS CAU
COLLECTION : LABEL 619

CITRIQ
EDITIONS : ANKAMA

CIGISH OU LE MAÎTRE DU JE

cigishFlorence Dupré la Tour (auteure de bande dessinée) vit une crise existentielle. Sous une impulsion, elle décide de faire revivre son ancien personnage de jeux de rôles : Cigish Hexorotte. Elle va aller plus loin. Cigish vivra à travers elle et son blog…

Je n’aime pas Florence Dupré la Tour. Je n’accroche pas à sa prose, à son graphisme. Il n’y a aucune attaque personnelle, juste une histoire de goût. Quand j’ai vu l’auteure sur la liste des éditions Ankama, je me suis posé des questions. Quand j’ai lu le scénario, je suis devenu curieux. J’ai eu raison.
A travers ces 300 pages, Florence joue avec son lectorat. Toutes les notes de ce blog critiquent sur la vie, l’édition de bande dessinée, la religion, les lecteurs (qu’ils soient collectionneurs ou pas). On pense savoir ou l’auteure va, mais à chaque page nous sommes surpris. Surtout qu’elle va plus loin… Imaginer qu’une compilation des commentaires sont imprimés à la suite des notes. Vous avez bien lu. On peut lire les commentaires et personne ne prend de gants. Si l’anonymat des pseudos permet une certaine barrière, Florence joue encore avec (elle écrit des commentaires pour envenimer la situation).
L’auteure joue son personnage/avec son personnage tout en étant maître du jeu. Les aficionados de jeu de rôle apprécieront, les autres seront initiés en quelques pages. Faut-il y voir une morale ? Ce serait chacun la sienne, puisque le coup de pied donné par Cigish est large.

Pour ma part, j’y vois une critique d’une édition de bande dessinée trop consensuelle, de blogs débordant de gentillesse (oui, on adore tel auteur !) et un lectorat voulant toujours la même chose, sans chercher ailleurs. Florence Dupré est folle parait-il (selon Fabrice Colin), alors qu’elle n’a montré qu’un bout de vérité.

CIGISH OU LE MAÎTRE DU JE
AUTEURE : FLORENCE DUPRE LA TOUR
COLLECTION : 619
EDITIONS : ANKAMA

Cette chronique a été faite dans le cadre de la bande dessinée de la semaine. Elle est hébergée par Mille et une frasques. Vous pourrez y lire les autres chroniques de la semaine.

bd-semaine

MASIKO

masiko-florent-maudouxMasiko. Jamais aucune femme n’a aussi bien porté un tel nom. Aussi coupante que l’objet, elle est dangereuse par ses actions et sa beauté. Ne touchez pas à son enfant, c’est un conseil. Voici trois histoires qui lui sont consacrées.

Révélé par la série Freaks Squeele, Florent Maudoux sème sur son passage et ses pages, son amour de l’art. Chez lui, la bande dessinée est (cinémato)graphique, le scénario est pensé en clichés, le trait est narratif, les références, constantes et le résultat génial. Pour le lecteur, il n’y a pas besoin de connaître les innombrables clins d’oeil de l’auteur. S’adressant au plus grand nombre, il prône l’amour de la série B (et des dérivées) intelligemment.
Avec Masiko, il raconte trois histoires sur la mère de Xiong-Mao (une des héroïnes de Freaks Squeele). Publiée dans Doggy Bags, cette compilation est un hommage aux films de sex et fury, de vampires mexicains, mais aussi au générique d’ouverture de Crying Freeman. Qu’il soit question d’un duel, d’un bordel ou d’une évocation, l’auteur n’oublie jamais le plaisir du lecteur de bande dessinée. Un double défi puisqu’il est question de lire et de regarder l’image. On ne sait jamais la finalité des histoires et c’est par petites touches successives que le lecteur s’aperçoit des références, des « clichés » du cinéma intelligemment disséminés. Quant au graphisme, c’est une explosion narrative. Chaque case semble être passée au filtre couleur des vieux films. Chaque image est pensée selon un angle différent, faisant voler en éclat le classique cadre franco-belge.

Masiko est un compilation violente, douce, trash, mignonne. On y côtoie du combat, de l’émotion, du rire, dans un maelström d’images et de couleurs. Quand Florent Maudoux, auteur de talent assume le « genre » et prouve son bon goût, il nous fait découvrir la bande dessinée en technicolor.

MASIKO
AUTEUR : FLORENT MAUDOUX
LABEL 619
EDITIONS : ANKAMA

JIM HAWKINS T1 : LE TESTAMENT DE FLINT

jim-hawkins-t1-sebastien-vastra-ankamaJim Hawkins était un adolescent sympathique, mais  le futur métier d’aubergiste ne l’intéressait pas. Son esprit voyageait loin. Le destin frappa à sa porte lorsque Billy Bones s’installa chez ses parents. Un destin aussi fabuleux que dangereux…

L’un de mes collègues l’a écrit, on devrait dénombrer le nombre d’adaptations de L’Île au Trésor en bande dessinée. Entre Hugo Pratt, Michel Faure ou La Nouvelle Île au Trésor d’Osamu Tezuka (premier manga moderne), pour ne citer qu’eux, le choix est large. Dernièrement, c’était Mathieu Lauffray et Xavier Dorison qui faisaient revivre Long John Silver. Refaire vivre les héros de Robert Louis Stevenson était risqué, mais l’éditeur ne s’est pas trompé !
Librement adapté du classique, Sébastien nous refait vivre les scènes jusqu’au départ du bateau. Là où j’aurais critiqué ce premier tome comme un prologue, Sébastien Vastra rajoute assez de scènes pour creuser la psychologie des personnages, la préparation du voyage et des dangers. Si tous les protagonistes sont présents, c’est bien Jim Hawkins le narrateur et héros. Long John Silver n’a qu’un second rôle. Un parti pris intéressant. Pour rappel, cette première partie compte pour un tiers du livre original. Sébastien Vastra a prévue cette série en quatre tomes.
Côté graphique, le dessin anthropomorphique est une merveille. Ce style bien particulier permet aux personnages d’être des animaux mais ils se comportent comme des humains. On pourra lire Blacksad, De Capes et de Crocs ou Légendes de la Garde. Sébastien Vastra n’a pas à rougir de la comparaison. Le résultat est assez original pour qu’on soit surpris. Les animaux ne sont pas là pour faire joli, ils ne sont pas mignons. On sentira l’essoufflement du morse, la méchanceté du chien (noir) ou la mort horrible du vautour. La faune est particulièrement bien choisie et le résultat oscille entre les séries pré-citées.
Je serai curieux de voir le dessin en noir et blanc. Les couleurs sont travaillées de telles manières qu’elles enrichissent le contenu et pourtant, elles sont présentes et ne se font pas oubliées. C’est de l’excellent travail.

Quand l’album a été annoncé, j’étais dubitatif. Encore L’Île au Trésor et traité de façon antropomorphique ? Ce n’est qu’après avoir lu ce qu’en pensait Les Chroniques de L’Invisible que je demandai l’album. Je suis ravi de m’être trompé. Lecteur, si tu aimes les voyages, l’aventure et le beau dessin, embarque sur le navire de Sébastien Vastra  et suis L’Hispaniola.

JIM HAWKINS
T1 : LE TESTAMENT DE FLINT
AUTEUR : SEBASTIEN VASTRA
EDITIONS : ANKAMA

Cette chronique fait partie de La BD de la semaine. Aujourd’hui, elle est hébergée sur le blog de Stephie, Mille et une Frasques.
Trois autres chroniques de Jim Hawkins, sur Auracan, Un Amour de bd et Les Chroniques de L’Invisible.

bd-semaine

SONS OF ANARCHY : T1

sons-of-anarchyKendra Kozik a des ennuis. Liée par une promesse paternelle, elle va voir les Sons Of Anarchy et plus précisément Tig. Celui-ci, affaibli par le décès de sa fille décide de la protéger coûte que coûte. Ce qu’il ignore, c’est qu’en la prenant sous son aile, il pourrait compromettre des marchés lucratif pour l’équipe.

Série américaine traitant des bikers aux Etats-Unis, Sons Of Anarchy s’étend sur 7 saisons (pour l’instant). Le pitch de la série montre comment des mauvais garçons, dealant dans certains trafics, peuvent avoir un code d’honneur et rendre justice. Cet album, premier comic-book officiel de la série, décline en bande dessinée l’univers. Ecrite par Christopher Golden (déjà responsable des adaptations de Buffy ou Hellboy), dessiné par Damian Cuceiro, l’ensemble est sympathique.
Les personnages se voient confrontés à leurs propres peurs, le code d’honneur qu’on ne doit pas trahir, les marchés passés avec la mafia, etc. Loin de l’image des bikers de L’Equipée sauvage, on nage plutôt dans le glauque : trahison, pornographie, assassinats en tout genres… Si on respecte la pudibonderie des américains, le sang coule à flots. Alors certes, on reconnaît les personnages incarnés par des comédiens, on a plaisir à les voir relever la tête quand tout va mal, mais le scénario ne va pas tres loin. La collection 619, dans laquelle est édité cet album, propose des histoires heureusement plus travaillées.
Par contre, rien à dire sur l’emballage. Une couverture noire qui rappelle la série, des variantes de couvertures pour les éditions outre-Atlantique, c’est un bel objet. L’ensemble est plutôt destiné aux amateurs de la série.

SONS OF ANARCHY T1
AUTEUR : CHRISTOPHER GOLDEN
DESSINATEUR : DAMIAN COUCEIRO
COLLECTION : 619
EDITION : ANKAMA