DRACULA

Jonathan Harker se rend dans les Carpates. Il doit rencontrer son client, le comte Dracula. Il laisse à Londres sa fiancée, Mina Murray. Si les premiers échanges avec Dracula montre un hôte prévenant, Jonathan se rend compte qu’il est prisonnier du château. Même ses divers stratagèmes pour envoyer du courrier seront voués à néant. Pendant ce temps, le comte Dracula prépare son voyage en Angleterre.

Ecrit en 1897 par Bram Stoker, Dracula est un immense succès. On ne compte plus les adaptations par les médias; qu’elles soient bonnes (Francis Coppola) ou différentes (Zoltan, le chien sanglant de Dracula).
Tout le roman est écrit de façon épistolaire. Journal intime, courrier, sténographie, rouleau de cire (pour le phonographe)… Le style est particulier. Chaque protagoniste à sa propre voix, son propre style. Le docteur Van Helsing a un style bref, direct. Celui du docteur Seward, enregistré principalement sur phonographe, va tout expliquer, etc. Ce style permet une note d’authenticité. Il date les événements. L’intrigue de Dracula se situe en le 3 mai et le 6 novembre de la même année (apparemment 1885).
L’autre point qu’on peut noter, c’est l’époque. En cette fin du XIXème siècle, nous sommes en pleine révolution industrielle. Electricité et machines à vapeur sont d’actualités. L’auteur oppose alors le progrès technique (phare électrique, phonographe, winchester, télégraphe, trains) et médicale (transfusion de sang, hypnose) aux superstitions, aux croyances ( religions, signes sacrés, contes). C’est le combat de la puissance anglaise contre la vieille Europe.
Quant aux personnages, on peut se demander si Bram Stoker a écrit des stéréotypes ou si il a volontairement écrit des clichés. Abraham Van Helsing est un personnage affreux (pour les lecteurs du XXIème siècle). Ses formules sont désuètes, mielleuses, patriarcales… Certes, c’est un hollandais avec toute la rigueur protestante qu’on peut imaginer, mais ce professeur est abject. Ses connaissances sont multiples (hypnose, médecine, paranormal), elles permettront de vaincre Dracula, mais on a envie de le frapper dès qu’il ouvre la bouche (ou plutôt dès qu’il écrit).
Jonathan Harker est le parfait amoureux, sans caractère. Heureusement, il y a Mina. C’est une femme indépendante, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Si les moyens financiers et les actions sont menées par les hommes, elle ne reste pas en retrait.
Quant à l’antagoniste, Dracula, on ne le voit pas beaucoup. Il est décrit ainsi : « … Un vieillard de haute taille, rasé de près, hormis sa longue moustache blanche, et vêtu de noir de la tête aux pieds… » Oui, Dracula a une moustache. Dans les autres aventures le mettant en scène, elle disparaît… Peut-être que cet effet de pilosité était passé de mode. On peut se demander pourquoi le comte choisit Carfax. Nulle part, ses raisons sont décrites. Seul le docteur Van Helsing suppose des choses. Tour à tour, séducteur, hôte chaleureux, ennemi implacable, c’est un personnage imprévisible et si les protagonistes le présentent comme un monstre, le lecteur pourra se poser la question : L’est-il vraiment ? En effet, si il se nourrit de sang, si cette façon de se nourrir est une métaphore sexuelle, ce n’est pas lui qui attaque, ce sont les humains.

Dracula reste un classique de la littérature. Il y a des failles, des longueurs, mais le fond et la forme sont présentes. C’est presque un livre de combat : celui du progrès contre les croyances. Il est difficile de lâcher le livre, de ne pas trembler pour Mina, de ne pas détester Van Helsing.

DRACULA
AUTEUR : BRAM STOKER
EDITIONS : J’AI LU

Pour ceux qui voudraient développer la thématique de Dracula, je recommande Les nombreuses vies de Dracula aux éditions Les Moutons Electriques.

LES VESTIGES DE L’AUBE

les_vestiges_de_l_aube.khara-lafonBarry Donovan est un flic de New-York. Ravagé par les dégâts du 11 septembre 2001, il se remet à pied d’oeuvre. Son enquête, menée avec son co-équipier, n’avance pas et la liste des victimes s’allonge. Son seul réconfort vient des discussions Internet avec…
Werner Von Lowinsky. Sa véritable identité n’est connue de personne. Il est un vampire. Ses conversations avec Barry Donovan permettent  de resserrer les liens entre les deux hommes. Werner, dernièrement, a décidé de rencontrer Barry…

Un vampire peut vivre plusieurs vies. C’est le cas de ce roman (on pourrait en dire autant de son auteur). Tout d’abord, l’idée vient pour aider à un ami à communiquer. Il est remanié et publié chez Rivières Blanches, avant d’être à nouveau remanié et publié chez Michel Lafon. Quant à son adaptation, elle est parue aux éditions Dargaud. Un long parcours pour une histoire qui pourrait parler de vampire, mais qui ne s’arrête pas à çà.
Au-delà des simples apparences (une histoire de polar fantastique), David S Khara s’attache à l’humanité. Tout ce qui peut nous rendre beau, mais aussi plus ignoble qu’une bête. On pourra voir plusieurs parallèles : La guerre de sécession/le 11 septembre 2001, le meurtre qui conduit à cette histoire, la « quête originelle » du vampire. Ces évènements sont vécus par deux personnages, a priori, totalement opposés. Barry Donovan est un policier du XXIème siècle qui tente de se reconstruire. Werner Von Lowinsky est un vampire venant du XIXème siècle, aristocrate, qui essaye de faire renaître son humanité. La réussite de ce roman tient à la complexité des personnages. On est loin des clichés flics/vampires. L’auteur va chercher ce qui peut faire l’humanité d’un vampire (sans tirer sur le sentimental), tout en montrant sa nature de « bête ».
Pour faire dialoguer les deux héros que sont Barry et Werner, l’auteur alterne les chapitres. Ceux consacrés à Barry seront écrits à la troisième personne, tandis que les chapitres consacrés à Werner seront à la première personne. Un moyen original de se rapprocher d’un personnage, plus proche d’un prédateur que d’un homme. Le pari était osé, mais il est réussi. Si on ressent une similitude d’écriture entre les divers chapitres, on a l’impression de lire deux auteurs différents.
Si je n’ai pas pu lire la première version des Vestiges de L’Aube, j’ai chroniqué l’adaptation en bande dessinée. Scénarisée par Serge Le Tendre, l’histoire a dû être compilée en deux tomes de 46 pages. Comme il le reconnaît lui-même l’auteur a dû couper les mots de David S Khara. Le résultat est très bon, mais sans critiquer le travail de l’immense scénariste, un roman graphique n’aurait pas été meilleur ?

Pour un premier roman (même s’il est remanié), David S . Khara n’a pas à rougir de la performance. On a envie de finir le livre. On ressent les émotions des personnages, leurs psychologies est complexe. Un livre qui permet de réfléchir sur l’être humain.

LES VESTIGES DE L’AUBE
AUTEUR : DAVID S. KHARA
EDITIONS : MICHEL LAFON

LES VESTIGES DE L’AUBE T2 : LE PRIX DU SANG

vestiges-de-l-aube-t2-le-tendre-khara-peynetWerner se décide à révéler sa nature vampirique à Barry. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. Des hommes demandent à voir Barry. Intrigué, Werner les suit, décidé à protéger son état, quoiqu’il en coûte.

Il y a un an, le premier tome des Vestiges de L’Aube paraissait. Le prix du sang constitue le second et dernier tome de l’histoire. S’il est utile de lire la première partie, les auteurs résument la situation en quelques cases. Serge Le Tendre adapte avec précision le roman de David S. Khara (DSK?). On ressent l’ambiguïté des deux personnages. Le policier essayant de comprendre le vampire, quand ce dernier s’essaye à « l »humanité ». On a l’impression que l’enquête et la nature de Werner ne sont qu’une façade. Ce qui importe, ce sont les relations entre deux hommes totalement différents. Le scénariste laisse parler le talent de David S Khara et l’adapte dans cette bande dessinée violente, mais humaniste. Seul regret, c’est trop court. On aurait aimé en avoir un peu plus. Une nouvelle collaboration entre les deux hommes à l’avenir ?
Le dessin de Frédéric Peynet retranscrit à merveille les ambiances. Historique, polar, fantastique, son trait réaliste s’adapte de fort belle façon à l’histoire. On admire particulièrement ses décors, sa « narration » imagée. Du bel ouvrage.

Heureux homme que David S Khara. Venu présenter la première version des Vestiges de L’Aube à Serge Le Tendre, celui-ci le trouve très bon. Il pense même que ça pourrait faire une bande dessinée. Le manuscrit est publié en roman chez Rivières Blanches et préfacé par Serge Le Tendre. En 2011, une version remaniée est publiée chez Michel Lafon. C’est cette version que le scénariste adapte. Quant à David S Khara, amateur confirmé de bande dessinée, il se retrouve sous le crayon de Frédéric Peynet, en homme de main de mafioso… Pour en savoir plus sur David S. Khara, vous pouvez écouter l’interview faite il y a un an.

Cette chronique est une lecture commune avec Jacques d‘Un Amour de BD. Elle a été faite dans le cadre de la BD de la semaine. L’ensemble des chroniques est disponible dans La Bibliothèque de Noukette.

LES VESTIGES DE L’AUBE T2 : LE PRIX DU SANG
SCENARISTE : SERGE LE TENDRE D’APRES L’OEUVRE DE DAVID S KHARA
DESSIN : FREDERIC PEYNET
EDITIONS : DARGAUD

bd-semaine

LE PROTECTORAT DE L’OMBRELLE T1 : SANS ÂME

sans-ame-gail-garrigerCe ne fut pas une bonne journée pour Alexia Tarabotti. On lui avait fait remarquer qu’elle était vieille fille (ça ne la dérangeait pas trop), elle s’était encore querellée avec Lord Maccon (ça devenait habituel), mais qu’un vampire veuille la mordre sans qu’il y soit invité… C’en était trop pour la (vieille) fille de bonne famille qu’elle était. Ce n’était que le début… Son esprit vif, sa langue acérée et son ombrelle allaient avoir du travail.

Ce premier tome de la série Le Protectorat de L’Ombrelle est une vraie trouvaille. Située fin XIXème à Londres, on y rencontre des créatures fantastiques (vampire, loup-garou, fantôme) et certains humains peuvent être à leur service. A contrario des autres romans, l’auteure crée son propre univers. On y apprendra les différentes organisations sociales des espèces, une technologie qui flirte avec les machines à vapeur, mais surtout les âmes. Il se trouve qu’Alexia Tarabotti n’en a pas (d’où le titre) et qu’elle possède un talent particulier. Si tout cet univers imaginaire vous répugne, tant mieux, car on pourrait le considérer comme un décor.
Suivre cette héroïne hors du commun, c’est apprendre les règles de bonne conduite au XIXème. Quelles sont les couleurs à adopter pour nuancer vos effets, que servir lors d’une réception (avec un être surnaturel ou pas), comment répondre aux goujats, etc.
Ce « documentaire » aurait pu être un pensum réservé aux accrocs de la mode et du savoir-vivre. Il n’en est rien grâce aux dialogues ciselés et acérés d’Alexia Tarabotti. Si on est en bonne société, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et tant pis pour l’étiquette. L’humour est incisif, il égratigne tout le monde, mais c’est écrit avec fraîcheur  (et candeur pour le côté érotique). Ce n’est pas le seul personnage qui se distingue. Entre un loup-garou bourru (mais gentleman), un vampire efféminé ( au style particulier) et un domestique que tout le monde rêverait d’avoir, Gail Carriger nous entraine dans un monde haut en couleurs.
Le niveau d’anglais était trop élevé pour que je m’y essaie, mais la traduction de Sylvie Denis est un excellent travail. Les situations s’enchaînent naturellement, on tourne les pages puis on s’écrit : « C’est fini ? ». Le vocabulaire choisi est parfaitement adapté aux situations, on s’imagine très bien les évènements.

Un premier tome qui mélange romance, savoir-vivre, enquête et des dialogues magnifiques. Comment ne pas résister au monde fantastique (et fantaisiste) de Gail Carriger ?

LE PROTECTORAT DE L’OMBRELLE
T1 : SANS ÂME
AUTEUR : GAIL CARRIGER
EDITIONS : LE LIVRE DE POCHE

lire la chronique du deuxième tome

LA PLUS BELLE QU’IL SOIT

©Cyranodebergerac.fr Composition d'Auguste F. Gorguet
©Cyranode bergerac.fr
Composition d’Auguste F. Gorguet

Roxane est la coqueluche de tout Paris. Le moindre hobereau essaye de gagner ses faveurs, mais la belle est jalousement gardée par son cousin, Cyrano. Il sélectionne qui sera la victime du bourreau des coeurs.

Cyrano de Bergerac est la plus célèbre pièce d’Edmond Rostand. Qui n’a pas appris la tirade du nez, si ce n’est vu une pièce ou un film ? Si une partie de la pièce entre dans la science-fiction (Cyrano conte son voyage jusqu’à la lune), Cindy Van Wilder (Les Outrepasseurs) propose l’adaptation des scènes du balcon ( acte III, scènes 7 à 11). Elle pose une griffe fantastique sur un des moments les plus romantiques. Trahison ? Plutôt une habile adaptation. Si le côté romanesque est toujours présent, l’ambiance et le caractère des personnages changent.
Cyrano devient manipulateur, mais aussi victime de sa cousine. Tout en étant amoureux d’elle, il lui offre Christian. Si dans le texte original, on sent une légère moquerie sur le manque d’esprit de ce dernier, Van Wilder fait de Cyrano un être qui écrase les plus faibles que lui. Quand il parle de Roxane, il devient un amoureux transi, jaloux, compulsif. Christian n’est plus le bel amoureux, mais un faire-valoir. Il est fier, sûr de lui et se sent de taille à affronter n’importe qui, mais dès qu’il est question d’esprit, il n’y a plus personne. Quant à Roxane, cible de toutes les convoitises, on ne la voit que peu. Son rôle devient primordial et mordant (littéralement) à la fin du texte.
A priori, rien de surnaturel à tout cela, mais Cindy Van Wilder laisse planer quelques indices tout au long du texte, ne laissant deviner la véritable nature qu’à la fin. Comme dans Les Outrepasseurs, toutes les actions se font dans la douleur, qu’elles soient physiques ou émotionnelles.
Dans ce texte, point de vers (dommage), mais toutes pensées de Cyrano sont décrites. Le portrait du gascon devient horrible, mais il conserve quelque part sa beauté. Qui n’a jamais fait n’importe quoi pour celui/celle qu’on aime ?

Tout en respectant le texte original, Cindy Van Wilder donne une note fantastique qui intriguera les amoureux d’Edmond Rostand. Si le texte verse dans le psychologique, la nature surnaturelle de Roxane ne subit pas les clichés qu’on a pu avoir dernièrement et c’est un double cadeau pour les amoureux de la littérature.

Pour lire la nouvelle, vous pouvez vous la procurer ici

LA PLUS BELLE QU’IL SOIT
CINDY VAN WILDER

BAROQUE N’ROLL : CERCUEIL DE NOUVELLES 1

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Un gremlin qui aide l’armée américaine, « l’évasion » d’un internat particulier, un vampire comme nounou, voici l’aperçu de l’imagination d’Anthelme Hauchecorne. Quinze univers drôles, grinçants, voire abjects qui sont tous dans ce cercueil (dixit l’auteur).

Je dois avouer que j’ai dû passer la couverture avant de pouvoir plonger dans ce recueil. Mais à part ce détail pictural, les nouvelles d’Anthelme méritent le titre de Baroque n’roll. Comme expliqué dans le livre, le baroque c’est ce qui est irrégulier, voire bizarre. Quant au rock’n roll, d’après l’auteur, c’est l’apologie de la transgression. Une transgression qui se ressent dans tous les textes ! Chaque récit a été publié pour un appel à texte, pour un webzine, voire un magazine. Anthelme contourne les lignes éditoriales, les règlements des concours pour pouvoir écrire à sa manière. Contourner pour mieux écrire et faire découvrir les genres (ici le fantastique, la fantasy, voire la romance).
Ses idées viennent de la culture : musique, littérature, poésie, cinéma, tout y passe. Mais au lieu de nous gaver de références, de faire à la manière de, l’auteur écrit avec jubilation. Qu’il parle d’amour (Noblesse Oblique), de zombification (Madone Nécrose), ou d’un mystérieux cargo (Le diable noir), il est toujours en prise directe avec le monde actuel. Guerre, pollution, défense du travailleur, il promène sa plume sur deux faces : l’imaginaire et la réalité. Anthelme explique la construction des histoires, donnant envie au lecteur d’en savoir plus sur l’auteur, mais aussi sur ses références.
D’habitude, je reste un peu obtus face aux recueils de nouvelles, mais ici, j’ai pris un véritable plaisir à le lire. L’écriture est habile, la narration limpide. Anthelme met à notre portée son imaginaire insatiable, sans oublier de distiller un peu d’humour. Si quelques descriptions abjectes (mais expliquées) pourraient rebuter le lecteur, si l’univers (ou la couverture) vous ferait reculer, au contraire, hâtez-vous de lire ce « cercueil de nouvelles ». Un premier roman a été écrit, un second est à venir. Quant à l’épitaphe qu’Anthelme a choisi, elle résume parfaitement la découverte de cet auteur : « BOUM ».

BAROQUE N’ROLL
AUTEUR : ANTHELME HAUCHECORNE
EDITIONS : MIDGARD

BLOOD SONG

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A Los Angeles, Celia Grave est une garde du corps reconnue. Mais alors qu’elle protège un prince européen, un vampire s’attaque à elle. Désormais, partiellement transformée, elle doit se battre sur plusieurs fronts : retrouver son agresseur, refouler ses nouveaux instincts et empêcher les gens de l’enfermer. De quoi se faire du mauvais sang quand on habite une ville où loups-garous, fantômes et télépathes en tout genres sont monnaies courantes.

Avec Blood Song (premier tome d’une série), vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer. Celia Grave cumule les ennuis comme le fer est attiré par l’aimant. A peine le livre est-il ouvert qu’elle découvre une brèche dans la sécurité, elle se fait attaquer, mordre, puis attacher (parce que mordue). S’en suivra divers rebondissements où notre héroïne essayera de ne mordre personne et de rester en vie. L’enquête du début (protéger le prince) passe au second plan et l’on suit avec un certain plaisir les mésaventures de cette « abomination ».
Cat Adams est le nom de plume de C. T. Adams et Cathy Clamp. Blood song fut leur premier livre. S’il est plaisant à lire, on sent la première œuvre et certaines situations ont du mal à passer: le couteau offert par la meilleure amie mais on oublie de parler de la fabrication par le petit ami, une enquête mal résolue sont un exemple des quelques gênes pour ceux qui voudront découvrir ce roman d’urban-fantasy. Heureusement, la maladresse et la nouvelle situation de Celia permettent d’oublier ces désagréments. Si elle est douée dans son travail, elle a des défauts (elle ne vise pas très bien) et ses relations avec les hommes sont quelques peu compliquées. Cela ne l’empêche pas d’être fidèle en amitié de soutenir ses collègues, qu’ils soient policiers ou d’une agence concurrente.
Côté paranormal et créatures fantastiques, les auteurs mettent le bestiaire traditionnel : fantôme, loup-garou, vampire, démon, extra-lucide, télépathe. Est-ce parce qu’elle n’est pas tout à fait transformée, mais Célia luit d’une lueur verte ! Chaque auteur veut mettre son grain de sel dans la mythologie je suppose. Malgré ces créatures inquiétantes, l’horreur n’est jamais là et les adolescents pourront se régaler sans faire de cauchemar.

A mi-chemin entre comédie et polar, ce roman de fantasy vogue sur la mode. Si l’histoire est sympathique, certaines situations sont vraiment trop décalées pour qu’on l’acclame. A noter que chaque tome peut se lire indépendamment de la série et qu’il y a 4 livres en version originale (pour l’instant).

BLOOD SONG
AUTEUR : CAT ADAMS
EDITIONS : LA MARTINIERE JEUNESSE

LE BAR DE L’ENFER

bar-enferRockwood est une petite ville du Texas. On peut dire un bled paumé. Mais depuis quelque temps, des événements bizarres surviennent dans la communauté. La lune disparaît, des zombies sortent de leurs tombes, une femme se transforme en piranha-rat-araignée tous les quatre mois. Si toute la ville est touchée, le centre d’attraction semble être le restaurant Gil’s. Mais les derniers clients vont bousculer les habitudes. Earl, vampire de son état et Duke, le loup-garou, ont bien envie de finir la tarte aux pommes tranquillement. S’ils doivent éclater quelques cranes et installer une nouvelle conduite de gaz, pourquoi pas ?

Quatrième titre de la collection Territoires, Le Bar de l’enfer est une mine d’humour débridé et de fantastique qui tâche. Jugez plutôt : un vampire presque dégarni est adepte de dianétique tandis que son meilleur ami est un loup-garou bedonnant d’1 95 mètre. Pour demander conseil à un esprit, il faudra marchander sur la rediffusion de Bonanza et de Drôles de dames. Quant aux goules, elles font des concours de hurlement. Ce n’est que l’apéritif (sanglant) que nous propose A. Lee Martinez.
Un auteur qui dédicace son livre à Don « the dragon » Wilson est quelqu’un qui revendique l’efficacité. C’est ça Le Bar de l’enfer : une trame sympathique où il est question de fin du monde. Est-ce parce que ça se passe au Texas, ou que les personnages sont tous des « loosers », mais rien ne fonctionne comme prévu. Earl et Duke, nos sympathiques héros, n’arrêtent pas de se chamailler. Earl est un vampire filiforme, loin de l’imagerie romantique. Malgré son apparence, il arrive à séduire n’importe quelle femme. Mais est-ce son pouvoir vampirique ou lui ? Quant à Duke, il promène son immense carcasse tranquillement. S’il peut rendre service, il le fait. Tant qu’il ne déchire pas trop souvent ses vêtements.

La collection Territoires permet de faire un pont entre les collections jeunesses et adultes. Avec Le Bar de l’enfer, la porte s’ouvre à la série B, sympathique et efficace. A. Lee Martinez cherche à faire passer un bon moment au lecteur. Pari gagné avec ce livre où deux anti-héros se retrouvent dans des situations burlesques.

LE BAR DE L’ENFER
AUTEUR : A.LEE MARTINEZ
COLLECTION : TERRITOIRES
EDITIONS : FLEUVE NOIR

ZOMBILLENIUM T1: GRETCHEN

Zombi

Dans le nord, Des tours prennent d’assaut l’horizon. C’est là que le parc Zombillénium a pris place. Les attractions sont pour la famille, mais le thème est celui des monstres. Aurélien Zahner, décédé récemment par accident, va s’apercevoir que les monstres sont réels : Loup-garou, vampire, momie… Et qu’il a été embauché pour l’éternité.

UNE INTERSYNDICALE DE ZOMBIE

Et si vous étiez un être issu du bestiaire fantastique, comment vivriez-vous le climat social ? Les 35 heures, les RTT, c’était pour les humains. Vous ne l’êtes plus, oubliez ces privilèges. Tout le monde est un monstre à Zombillénium. Oubliez les règles classiques de la littérature ou du cinéma : Le loup-garou restera sous sa forme animale, pleine lune ou pas, le vampire ne dormira pas le jour. Quant à l’intersyndicale des zombies, son logo est un poing qui sort de terre. Arthur de Pins nous fait nous évader, à la suite d’Aurélien, dernière recrue du parc.

ENTRE PARODIE ET FRISSON

Nous connaissions les illustrations d’Arthur de Pins, ainsi que sa série : Péchés mignons. Ici, son trait a subi une cure d’amaigrissement. On oublie les courbes féminines, on diversifie le tout. C’est une réussite! Que ce soit les décors ou les personnages, l’ensemble nous plonge dans une ambiance particulière. Entre parodie et frisson, ce premier tome de Zombillénium excitera votre curiosité. Des êtres surnaturels qui travaillent comme des humains, des « dons » utilisés pour divertir le public, et des sanctions démoniaques. Oubliez Walt Disney et Astérix, les références sont les mondes fantastiques : Vampires, sorcières, momies…

C’est un virage pour Arthur de Pins, mais qu’il a négocié de fort belle manière. Il a réussi a adapter divers univers pour fabriquer une histoire humoristique sur fond horrifique. A dévorer de plaisir!

ZOMBILLENIUM T1 : GRETCHEN
AUTEUR : ARTHUR DE PINS
EDITIONS : DUPUIS

HOMO VAMPIRIS

homo-vampiris-fabien-clavel21eme siècle. Des évènements surviennent autour du monde. Évènements qui vont faire se rencontrer plusieurs destins. En Roumanie, Zéro s’échappe d’une clinique. A Londres, Nina, après s’être enfuie d’une conférence, rentre chez elle. A sa grande surprise, le conférencier l’y attend. A Paris, Fedora, danseuse, se fait attaquer par un groupe armé. Des attaques, des meurtres qui cachent une réalité complexe. Pourquoi Nina est elle pourchassée? Pourquoi zéro parcourt l’Europe? Quel est ce groupe para-militaire qui pourchasse les vampires?

UN RÉCIT QUI S’ÉTALE SUR PLUSIEURS SIÈCLES

Mnemos qui s’engouffre dans la bit-lit? J’ai bien envie de répondre non. Il est question de vampires, de leur nature. Mais Fabien Clavel nous ajoute quelques ingrédients qui différencient ce livre du reste de la production. Pourquoi faudrait-il que les Etats-Unis soient toujours la terre des vampires? Fabien Clavel montre de l’exotisme dans un paysage qui nous est proche. Toute l’intrigue se déroule sur le continent européen. Quel plaisir de se promener dans Paris,  Londres, ou dans les plaines du Kazakhstan. Une intrigue qui est racontée sur plusieurs siècles par de nombreux allers-retours dans le temps. Nous comprenons mieux l’histoire des personnages, leurs genèses. L’auteur a su disséminer les pièces du récit à travers les pays et l’histoire sans perdre le lecteur. J’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Le vampire est montré comme une créature à part: L’homo vampiris. De l’homme ou du vampire, le plus monstrueux n’est pas celui qu’on croit. Si le passé semble connu, le futur que nous décrit l’auteur est proche. Les changements climatiques, ainsi que les répercussions socio-économiques sur le monde font partie de l’intrigue. Ce futur est sombre. Les problèmes actuels n’ont fait qu’empirer.

Véritable thriller, avec des vampires, Homo Vampiris plait pour sa description du futur, ses personnages bien campés, qu »ils soient principaux, ou secondaires. L’intrigue est complexe. Les surprises distillées par Fabien Clavel sont nombreuses. L’ambiance est sombre, les questions actuelles sur l’avenir de la planète sont posées. Seul défaut qui entache ce récit : Les fautes de syntaxe, les nombreuses coquilles gênent la lecture.

Un roman grand public qui réussit à mélanger le thriller avec le genre vampirique.

HOMO VAMPIRIS
AUTEUR : FABIEN CLAVEL
COLLECTION : ICARES
EDITIONS : MNEMOS