RENCONTRE AVEC MARIELLE CAROSIO

Comment devient-on éditrice ? Comment fabrique-t-on un livre ? Réponses avec Marielle, étudiante en Master métier du livre, autour d’un thé et d’un gâteau.

Bonjour Marielle,
Tu fais partie du Master, lettres, langue, mention métier du livre et de l’édition.

C’est presque ça. Je fais bien partie du Master métier du livre et de l’édition, mais qui fait partie de la section Arts, lettres et communication à la faculté, dans le pôle littérature à l’université de Rennes 2.

Comment en es tu arrivée là ? Était-ce la suite de ton parcours ou une arrivée hasardeuse ?
Depuis que je suis enfant, la lecture, c’est mon truc et le livre, mon compagnon. Je me suis souvent posée la question de ce que je voulais faire plus tard. J’aimais la lecture mais je ne pouvais pas en faire un métier, sauf que je ne savais pas que l’édition, ça existait. Pour moi, arriver en édition c’est surtout resserrer mon parcours autour du livre. Avant d’en arriver là, j’ai essayé la traduction, les bibliothèques et la documentation scolaire, ce ne furent que des mauvaises portes. Puis j’ai rencontré celui qui m’a donné envie de m’intéresser à ce que c’était l’édition. Je ne connaissais pas du tout et je suis tombée dans le chaudron.

Pourquoi choisir Rennes ?
Par commodité. J’habite à Rennes. La deuxième année existait déjà avant et pour ma promotion, la faculté a ouvert le Master 1. Je me suis dit que j’allais candidater. Je sortais de Licence de lettres, le timing était bon, les étoiles étaient alignées. J’ai dit : « Je fonce ». J’ai été acceptée. Miracle !

Quelle est la finalité de ce Master ?
Le Master 1 a été pensé pour pour favoriser tout ce qui est métier de l’interprofession : bibliothèques, librairies mais aussi l’édition. C’est un master généralisant qui va nous donner beaucoup de portes, d’astuces et des connaissances sur la chaîne du livre globale. C’est très intéressant ! Ça peut expliquer aussi pourquoi et comment en édition on peut penser le livre pour la commercialisation, comment les libraires travaillent, qu’est-ce qu’un bibliothécaire peut faire, qu’elles sont les forces de chaque métier et quels leviers ça peut nous donner en édition. La deuxième année est plus destinée à ceux qui veulent être éditeurs ou ceux qui envisagent ce milieu-là. Ce sont des cours avec des professionnels de divers horizons, de divers types de littérature ou de non-fiction, ou de documentation. Il y a une partie plus théorique où on explique comment créer une maison d’édition, comment on fait un devis avec un imprimeur, comment on choisit un papier, etc. J’ai tel livre, comment je lui donne l’allure qu’il a ? Le format, la police, comment on maquette une couverture, comment on réfléchit à son objet ? Comment se dire qu’un texte est pour moi ? Qu’est-ce que j’en fais ? Dans quelle collection je l’intègre ? À qui je le vends, puisque l’édition c’est ça. Il faut bien le vendre (rires).

Ça c’est l’idée du master. Qu’elle en est la réalité ?
Moi je m’intéresse à un type de littérature qui est un petit peu différente, qui se situe dans une niche : les littératures de l’imaginaire. J’avais une vision du métier axée sur cette niche. Finalement, ce sont souvent des structures assez petites, donc je n’avais pas forcément en tête le fonctionnement dans des grandes structures comme Gallimard, comme Nathan, comme bien d’autres. Ce qui est intéressant avec ce master, c’est qu’il ouvre sur énormément de choses, sur d’autres types de littératures, sur le fonctionnement des livres d’artistes, en format numérotés avec des ouvrages bien particuliers, mais aussi le roman. Peut-être que j’avais une idée du master où j’attendais des choses, et que je n’ai pas trouvées ou alors, en abordant ces sujets-là, que ce soit en cours, en stage, j’ai aussi évolué. C’est ça qui est toujours intéressant, c’est que notre orientation, elle peut s’approfondir, évoluer. Par exemple, j’étais intéressée par l’édition numérique et je me rends compte que je ne me sens pas à l’aise, je ne dispose pas de connaissances suffisantes pour y aller sereinement et savoir faire un boulot professionnel… Pour le moment.

Faut-il avoir un bagage littéraire quand on arrive dans le master ?
C’est plus facile ! Quand on a certaines connaissances, c’est plus facile de répondre aux attentes de ce qu’on nous demande, mais aussi pour nous ! On dispose de clés qui peuvent nous faire avancer plus vite dans notre réflexion de ce qu’on veut devenir plus tard. Quel éditeur je veux être ? Est-ce que je me destine à être une petite main, et c’est très bien. Surtout ne crachons pas sur les petites mains, elles sont essentielles dans les grandes maisons d’éditions ! Ou est-ce que je vais faire ma propre structure et je vais incarner ma maison d’édition ? Les deux sont bien, mais ça dépend du réseau qu’on a. C’est super important. C’est ce que j’ai compris avec mon parcours personnel et c’est avec ce réseau-là qu’on trouve des projets ou que les projets vont à nous. Parce que tous les chemins mènent au rhum (rires) !

As-tu des conseils à donner aux futurs étudiants ?
En deuxième année de Master, on nous demande de réaliser trois projets éditoriaux. Il y en a deux qui vont être fait en individuel et le dernier sera fait en collectif. Moi, je parlerai plutôt d’un individuel. Je vous conseille, chers étudiants, futurs étudiants, futurs éditeurs, pitié, si vous faites le projet d’éditer un roman, ne choisissez pas un manuscrit de 800 000 signes. Franchement, en direction d’ouvrage, je vous souhaite bon courage ! Vous allez devoir corriger, le mettre en pages… Ça fait beaucoup. Je vous conseille, si vous me lisez, d’aller jusqu’à 450 000 signes et c’est déjà un beau bébé. C’est surtout ce conseil qui compte (rires) ! Le temps derrière n’est pas le même entre un manuscrit de 450 000 et de plus de 800 000 signes.

Sur la lettre d’inscription, il fallait développer un projet. Quel était le tien au départ ?
Xavier Dollo, avec son frère Mikaël, tenaient une maison d’édition : Ad Astra. Celle-ci a fermé il y a peu de temps, mais Xavier souhaitait faire une ré-édition de deux titres de Théo Varlet, suivi d’un de ses recueils de poésie. On aurait souhaité ré-éditer La Grande Panne suivi d’Aurore Lescure, pilote d’astronef. Il aurait été suivi du recueil de poésie éponyme Ad Astra. Selon Xavier, c’est de la poésie cosmique… Je vous laisse deviner (rires). À la base, c’était ce projet, mais en fait, on a fait autre chose. Notamment parce que j’avais un premier projet qui sortait de l’ordinaire. Un projet un peu fou et en terme de réalisation pour le bilan prévisionnel, c’était extrêmement compliqué, voire complètement irréalisable. Le projet était pour autant super intéressant. J’ai dû changer dans le courant de l’année, au mois de mars. Il me fallait un projet bien avancé, voire terminé et j’ai eu la chance de m’occuper d’une collection de novella.

Tu parles des projets de deuxième année. En quoi consistent-t-ils ?
Ça va dépendre de l’actualité des partenaires avec le master. En collectif, nous avons dû réaliser un projet de revue sur Rennes. Ensuite, il fallait développer un sujet. Nous avons choisi la littérature, notamment de l’imaginaire, parce que nous étions un groupe d’étudiants passionnés par ça. Comme nous aimons bien notre ventre, nous avons choisi d’y associer la bonne chère : la gastronomie. Donc, nous avons lié ces deux sujets-là en un seul dans une revue. Elle ne paraîtra pas, ça restera un document de travail qui sera évalué.

Et les deux autres projets ?
Les deux autres projets individuels, ça suit les cours. Le premier court sur tout le premier semestre et nous le soutenons en mars. Le sujet était : »Faites le projet de vos rêves ». J’ai eu l’occasion et la chance de travailler avec Philippe Ward, pour un objet qui sort en septembre 2019, aux éditions Rivière Blanche. C’est un roman : Le Maître du Nil. Là, il a fallu créer le livre. J’en ai fait la direction, la correction. Philippe et moi avons travaillé de concert. J’ai briefé Xavier Collette, notre illustrateur que j’ai démarché. « On a telles idées, que peut-on faire avec ? Je te propose ceci ou cela, peux-tu me guider ? »
Pour des premières expériences, Xavier a été essentiel :
« Oui, on peut faire comme-ci, si tu me donnes telle information, ça m’aidera. Donne-moi le format du livre… » « Ça va être tel format », « ma couverture, je vais te la faire pour que ça aille pile-poil. Si tu mets des personnages, décris-les moi un minimum pour que je puisse imaginer quelque chose qui ressemble. Je vais te fournir un premier croquis, où j’ai placé les éléments et tu me diras si ça te convient. Si c’est bon, on poursuit avec une première colorisation. »
On a changé quelques petites choses, des détails, mais qui nous semblaient absolument importants, ou qui n’allaient pas au premier jet, en tout cas. C’est à ça que servent les différentes étapes, notamment avec la couverture. Ensuite il a fallu qu’on soit dans les temps pour avoir l’objet pour la soutenance. Il a fallu voir avec l’imprimeur de Rivière Blanche : Lightning source. Quel ouvrage voulait-on avoir ? Comment on le fait pour qu’il s’intègre à la collection, quel papier. Toujours le papier, c’est essentiel au livre, sinon vous ne lisez rien, désolé (rires) ! C’était beaucoup de travail parce que c’était un roman absolument passionnant sur l’Égypte ancienne, notamment, mais très costaud, très dense.

Comment as-tu travaillé avec Philippe Ward ? Tu habites dans l’ouest et lui dans le sud.
Ah ! Internet est notre grand ami. On a travaillé essentiellement par courriel, et quand j’avais trop de questions, il fallait s’appeler. On mettait tout à plat et ça repartait. Ça a été des allées et venues constantes entre Philippe et moi.

Et le deuxième projet ?
Le dernier projet est ce qu’on appelle un projet d’année. On se lance dès qu’on entre dans la deuxième année du master. On développe un objet qu’il va falloir soutenir fin septembre. Soit il faut créer sa maison d’édition, fictive ou réelle, soit créer une collection et donc, planifier le premier objet qui sortira en physique (ou en numérique) et deux projets prototypes dont il faut le sommaire et une couverture maquettée avec un petit résumé pour montrer qu’on sait préparer une collection, qu’on sait se projeter. Ce projet d’année est accompagné du mémoire (entre 30 000 et 50 000 signes- environ une dizaine de pages). C’est un mémoire technique. Il aborde la commercialisation, les choix de fabrication, explique le calendrier, parce qu’un livre ne se réalise pas en 5 minutes. On doit proposer un planning. Ce sont ces informations-là qui accompagnent le projet et qui vont expliquer notre démarche.

Et ton projet ?
Il s’agit d’une novella qui s’appelle Une île (et quart) sous la lune rouge. Elle a été écrite par Thomas Geha, qui, dans la vraie vie s’appelle Xavier Dollo. Elle est éditée par une structure qui s’appelle Timelapse. Cette structure ne publiera que ce titre. Désolé, je brise peut-être votre petit cœur. Mais en tant qu’éditrice, sur Timelapse, je ne publierai que ce titre-là. Parce que, d’une part eh bien c’est mon projet d’étude et d’autre part, Timelapse, c’est une boucle temporelle et qu’on aime bien jouer avec le temps. L’activité d’édition, c’est à penser sur le long terme et pour le moment, et pour les besoins du master, je n’ai pensé qu’à ce livre… À lui donner une belle forme, un beau format, un beau papier et qu’il soit le plus beau possible… Et je trouve qu’il est pas mal, sans vouloir me vanter (rires).

Pourquoi avoir choisi ce texte ?
J’ai pris la novella de Thomas Geha parce que j’avais un autre projet avant et pour les choix expliqués précédemment, j’ai dû changer. Dans la vraie vie, Thomas Geha est devenu mon compagnon de tous les jours, celui qui me supporte, moi, mes mauvaises idées, ma mauvaise humeur et mon humour grinçant. Il avait ce texte là dans son tiroir depuis quelques années et quand j’ai eu besoin de trouver un nouveau projet, je me suis tournée vers la personne la plus proche de moi. C’était lui et il a répondu présent. On a travaillé de façon efficace pour faire quelque chose de chouette. C’est comme ça que ce projet a abouti.

Pourquoi ces choix éditoriaux (format, couverture, etc.) ?
Comme vous avez pu le comprendre, je suis plutôt dans l’édition traditionnelle. C’est-à-dire du papier. Quant au format, les gens qui possèdent l’objet pourront le comparer à une maison d’édition qui m’a énormément inspirée : Le Bélial’ avec sa collection, Une Heure-Lumière. Merci les gars, vous faites un travail génial et vous m’avez donné cette idée de m’intéresser à la novella. Je me suis dit, pourquoi pas ? Allons-y ! J’ai inventé une collection de novellas. Ce sont de courts textes. Le format est compris entre la nouvelle et le roman. Ça se situe entre 80 000 et 250 000 signes et le format des éditions du Bélial’ est parfait. Cette novella fait 84 pages. Le livre est petit, il n’est pas encombrant, il se lit très vite. Pour les voyageurs, c’est parfait. Pour les personnes qui ne lisent pas beaucoup, c’est parfait également. Je voulais quelque chose de pas très encombrant, donc, le côté souple c’est ce qui me semblait aller le mieux. En terme de coût, c’était parfait pour moi car les coûts d’impression, d’expédition, et de rémunération des illustrateur-trice-s sont à la charge de l’étudiant. Il est édité à 100 exemplaires en vente. Ils sont numérotés et signés par l’auteur et l’illustratrice… Et si vous avez de la chance, vous avez même une dédicace ! Je voulais le plus bel objet possible. J’ai choisi une police qui me plaisait énormément, qui est une Baskerville. C’est une police neutre, extrêmement lisible, très sobre et qui reste élégante. Ça me paraissait l’idéal. J’ai choisi tout simplement une façon de faire qui ressemble presque, parfois, à certaines collections, comme Zulma. Elle a une couverture avec un triangle ultra-reconnaissable partout ! J’ai choisi une façon de présenter le livre très simple. Sachant qu’il n’y a rien sur la quatrième de couverture parce que je voulais que le lecteur puisse admirer cette magnifique couverture et ça m’embêtait de mettre un gros cadre blanc en plein milieu, pour dire : « Voilà, ceci est le résumé ! » C’est une novella, il faut en dire le moins possible, je ne veux pas vous spoiler !

Si tu voulais faire simple, pourquoi ne pas faire une couverture neutre ?
J’aurai pu ! Mais j’aime bien les dessins et j’aime beaucoup ce que fait Anna Boulanger. Je connais son travail, je la suis et elle a ce souci du détail qui est absolument… Renversant ! Dans la novella, c’est ce même souci constant des détails, de la faune et de la flore. Les deux auteurs allaient bien ensemble. Ça changeait, je n’avais pas affaire à une couverture en couleurs. Ça me demandait de la maquetter différemment…
Ça aurait pu être Xavier Collette, mais je voulais diversifier la couverture. Quand on travaille plusieurs fois avec un artiste, on est un peu comme dans ses chaussons et on ne sort pas de sa zone de confort. Quand on fait de la recherche, ce qui est bien, c’est qu’on veut changer un minimum le projet. Là, je ne voulais pas reproduire à l’identique, ou peu s’en faut, la façon de travailler avec Xavier, même si j’ai super bien bossé avec, c’était formidable ! Là, j’ai choisi de bosser avec quelqu’un qui travaille en traditionnel, c’est-à-dire, sur un papier avec un crayon. Ça prend un temps infini. Je ne sais pas le temps exact, mais ça a pris quelques heures. Anna me l’a dessinée, puis elle me l’a scannée et moi, je l’ai maquettée. Changer d’illustrateur, c’est aussi réussir à travailler avec tout ce petit monde là et à multiplier les connaissances, le réseau, les expériences professionnelles, pour voir ce qui est faisable, ce qui ne l’est pas.

Et pourquoi vendre cet objet ?
Ce livre-là doit être donné au jury, pour qu’il l’évalue. Il leur faut trois exemplaires. On a commencé à en discuter autour de nous et des gens se sont dit intéressés. On a alors décidé de simuler ce que fait une maison d’édition, c’est-à-dire un tirage. On ne l’a pas tiré à 500 exemplaires, ça serait complètement impossible, on fait un tirage plutôt conséquent pour un master. C’est-à-dire 100 exemplaires qui sont en vente et dix ont été tirés en même temps mais ont reçu une numérotation différente : pour le jury, pour la BnF et pour nous en document de travail et personnel.

Comment sait-on que le projet est validé ?
Ah ! La bonne question ! Vous le saurez un petit peu après moi (rires) parce qu’avant je dois passer ma soutenance ! C’est un travail de recherche qui va être évalué en même temps que le mémoire technique, qui parle de la création de cette collection, fictive. Je vais devoir soutenir tout ça, en plus de mon stage et du rapport de stage. Suite à cette soutenance, je vais être évaluée par mon jury. Suite à ça, vous saurez, si le projet est validé ou non. En tout cas, hormis une évaluation dans un cursus universitaire, il est bien accueilli et je peux dire actuellement qu’il me reste une dizaine d’exemplaires à vendre sur les 100. Ça augure d’un bon retour. On me dit que c’est un bon travail, que ça ressemble étrangement au travail des éditions Le Bélial’, même si j’ai changé certains paramètres. Je ne voulais pas faire du copier-coller, ce serait dommage. Je voulais que ce soit personnalisé. Dans la sphère de la littérature de l’imaginaire, il est plutôt bien reçu par ceux qui ont décidé de soutenir ce projet et je les en remercie.

Tu as dit que c’était une collection fictive. Il y a plusieurs titres ?
Tout à fait. Une île (et quart) sous la lune rouge est vendu, mais les autres ne paraîtront pas. C’est pour ça que je l’appelle fictive. C’est dans le cadre universitaire. On nous demande de prévoir une collection pour montrer qu’on sait planifier des ouvrages, avec ce fameux calendrier. J’ai imaginé publier une novella par trimestre, parce que c’est beaucoup de travail et qu’il faut du temps à Anna pour faire les autres couvertures. Elle a déjà réalisé la couverture d’un deuxième texte. Je ne peux pas dévoiler le nom des personnes qui m’ont soumis des idées pour les collections, car l’un d’entre eux sera soumis à un éditeur. Je lui souhaite beaucoup de réussite. Je travaille avec l’autrice pour l’aider à avancer. C’est gagnant-gagnant. Elle me propose un projet, je travaille dessus. Je le soutiens, je montre que je sais planifier un autre titre et moi je lui donne mon point de vue d’éditrice. J’ai maquettée sa couverture il y a quelques jours. Celle-ci est encore une fois magnifique. Je l’ai envoyée à l’autrice et j’attends ses réactions. Je ne peux pas vous la montrer, il faudra demander à Anna (rires). Pour le troisième titre, j’ai une couverture à recevoir qu’il faudra que je maquette. C’est une jeune autrice qui m’a soumis un synopsis, complètement différent. Il y a toujours un jeu avec le temps. Timelapse, c’est la boucle temporelle : les paradoxes, les univers parallèles, les petites bizarreries du temps…

Quels sont les projets proposés et quels sont les genres (bande dessinée, non-fiction, numérique, etc.) ?
Ce qui est très étonnant avec ce master mais très intéressant ceci étant, c’est qu’il y a autant de sujets et de projets qu’il n’y a d’étudiants (une vingtaine pour chaque année, ndlr). Je vous laisse imaginer comment ça peut foisonner d’idées. Chaque projet est le résultat de connaissances d’étudiant-e-s et de leurs univers. Nous avons eu des projets de bande dessinée, d’albums jeunesses, sous plusieurs formes. Nous avons eu un beau livre qui mélange des collages et de la calligraphie. Une étudiante nous a rendu une pièce de théâtre et chapeau-bas à elle, car la mise en page est fantastique ! C’est extrêmement varié ! Les projets d’années sont aussi divers. Visiblement, on a de la poésie illustrée, de la bande dessinée, des contes de fées en version adulte… Il y aura des sujets comme le harcèlement de rue, une thèse sera peut-être publiée et remaniée pour être accessible au grand public.

Pendant le master, est-ce qu’il y a des abandons et à l’inverse, est-ce que certains sont embauchés ?
Effectivement, nous avons eu quelques abandons, pour diverses raisons, professionnelles, personnelles. D’après les échos que j’ai (je ne suis pas au fait de tout), certains étudiants peuvent se faire recruter dès la fin de leur stage. Ça dépend des années. Pour ce qui est de notre promotion, je ne sais pas encore.

Tu as choisi les littératures de l’imaginaire…
Je crois qu’elles m’ont choisi.

C’est-à-dire ?
Depuis toute petite, j’en lis, essentiellement parce que ma famille en lit et que nous sommes des bons lecteurs. Mon père me parle depuis que je suis toute petite du Voyageur imprudent de René Barjavel. Je suis abreuvée des littératures de l’imaginaire avec Les Oubliés de Vulcain de Danielle Martinigol, j’ai eu la chance de travailler sur ce livre en 5e. J’ai suivi Erik L’Homme avec Le Livre des Étoiles et puis Pierre Bottero avec La Quête d’Ewilan. J’ai continué mon chemin, j’ai lu d’autres auteurs comme Richard Matheson, qui a fait Je suis une légende mais qui a écrit le remarquable livre Le Jeune Homme, La Mort et Le Temps, qui est incroyable ! J’ai lu d’autres choses et j’ai évolué. J’ai lu du Jasper Fforde. C’est un truc complètement foutraque, mais absolument fantastique. L’affaire Jane Eyre, c’est un univers qui est absolument génial ! J’ai croisé aussi Hervé Jubert pour Le Quadrille des Assassins… Au lycée, j’ai beaucoup écumé la collection Folio SF ! Je vous livre un grand secret : je ne lis pas que de la littérature de l’imaginaire ! Non, non, non (rires) ! Je m’intéresse à beaucoup d’essais, sur divers sujets : Léonard de Vinci, l’effondrement de Rome ou des textes sur le féminisme. Je peux même lire de la blanche, je ne vais pas cracher dessus pour autant. Je m’enrichis de tout ça.

Comment cela est-il perçu la littérature de l’imaginaire au sein du master ?
C’est assez particulier. Ce n’est pas un club fermé, mais on s’y retrouve entre nous. On en est ou on en est pas. Je ne peux pas trop dire ça autrement. Je ne peux dire si nous sommes des doux-dingues, des rêveurs, des geeks, dirons-nous, mais c’est vrai qu’on est peut-être à part, un peu différents… En marge, je ne sais pas. Peut être que c’est difficile de rentrer si on a pas mis un pied dedans. Après on est dans un master, on peut toujours proposer des titres pour commencer à aborder le genre. Là, je pense à de la littérature adulte : Porcelaine d’Estelle Faye. C’est un titre magnifique, la langue est géniale. Moi, je me suis régalée et je continue de m’enrichir grâce à des auteurs comme ça. On n’est pas obligé de lire de l’imaginaire pour comprendre. On peut prendre ça pour un conte. Après je ne sais pas pourquoi c’est plus difficilement abordable par les autres personnes. Je n’ai pas vraiment abordée cette question, peut-être parce qu’elle me dérange ou peut-être que je ne me suis pas encore posée la question. Pourquoi c’est perçu différemment ? Je ne sais pas. Nous sommes peut-être des gens un peu bizarre (rires).

Et du côté du professorat ?
Ce qui peut être dommage, c’est qu’ils ne connaissent pas beaucoup ce monde qui peut être absolument passionnant… En regard de tout ce qui passe en séries télévisées, et que tout le monde connait… Games of Thrones pour ne citer que lui, qui est passé dans le quotidien de beaucoup de personnes. Et pourtant, c’est de l’imaginaire !

Merci à Marielle Carosio pour son temps, ses corrections, son thé et son gâteau.

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