EDMOND

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On connaît tous quelques vers de Cyrano de Bergerac, mais comment cette pièce de théâtre a-t-elle été créée ? En 1895, Edmond Rostand, jeune dramaturge n’a pas de succès et ne trouve pas d’idée. Grace à divers rencontres, les cinq actes prennent vie mais jusqu’au baisser de rideau, la pièce aura failli ne jamais être jouée.

Cyrano de Bergerac est un des grands succès de notre théâtre ! Alexis Michalik prend un risque en montrant les coulisses romancées de la création. Vu le succès (la pièce est sans cesse jouée, elle a reçu 5 molières), ce risque était mérité. L’adapter en bande dessinée est autre chose. Si plusieurs termes ou techniques se croisent dans ces arts, ils ne sont pas pareils et à première vue, Léonard Chemineau ne fait-il qu’un décalque de la pièce ? Nous mène-t-il par le bout du nez ? Heureusement, non !

LA BANDE DESSINEE ? UN THEÂTRE A ELLE TOUTE SEULE !

Le 9e art a cela de particulier qu’il peut jouer avec la narration et les images. Un album de bande dessinée est un spectacle à lui tout seul et Léonard Chemineau l’a bien compris. S’il ne peut pas trop jouer avec le texte, il joue avec les points de vues, les cases, l’ellipse. C’est un festival de gaufrier, de pleine pages, de strips, tout en conservant une lisibilité irréprochable. Sa mise en scène se permet d’avoir du suspens, des coups d’éclats ! Certaines scènes sont faites pour le livre tant le déroulement de l’action commence au début d’une page , en haut , à gauche , pour se finir, en bas, à droite. Un bel exemple à suivre et une technicité sans reproche. Quant au trait graphique, que faut-il adopter ? L’auteur propose un trait semi-réaliste, mais son dessin souple lui donne une touche légère, propre à la comédie. Cette légèreté, associée au texte et à la mise en scène de Léonard Chemineau font que le lecteur se « perd » avec passion dans ces 100 et quelques pages.
Il ne faudrait pas refermer ce paragraphe sans parler de la couleur. Par touche, Léonard Chemineau dévoile son univers coloré. Que ce soit les appartements ou le constant mouvement de la rue, l’ambiance du théâtre ou les scènes sentimentales, les couleurs choisies n’en font jamais trop et l’on se plaît à regarder de près telle ou telle case. Une mise en scène réussie en tout point !

UN FILM QUI DEVIENT SPECTACLE AVANT DE REVENIR AU CINEMA

Lors d’une interview, Alexis Michalik a déclaré qu’au début, Edmond était un scénario pour le cinéma, mais qu’il n’a pas trouvé les financeurs. A la suite du succès de la pièce, l’argent s’est débloqué. C’est en janvier prochain que l’on découvrira Edmond au cinéma, après un détour par la bande dessinée. C’est une belle carrière pour cette oeuvre. Si la comédie permet de tout faire passer, le texte d’Alexis Michalik met en avant la difficulté de créer. Si il est ici question de théâtre, on peut évidemment penser à tout artiste qui, de son esprit doit trouver l’inspiration, la créer, pour en vivre. Les esprits chagrins diront que les éditions Rue de Sèvres ont mis la machine marketing en marche pour faire de ce succès théâtral un bande dessinée. Et alors ? Si Alexis Michalik ou Léonard Chemineau permettent de faire revivre Edmond Rostand, s’ils permettent de s’interroger sur la puissance narratrice de la bande dessinée ou la difficulté de la création, j’approuve entièrement cette façon de faire. Merci aux auteurs et à l’éditeur !

EDMOND
AUTEUR ORIGINAL : ALEXIS MICHALIK
ADAPTATION : ALEXIS MICHALIK-LEONARD CHEMINEAU DESSINATEUR : LEONARD CHEMINEAU
EDITIONS : RUE DE SEVRES

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