LA CHOSE VENUE D’UN ANCIEN MONDE

Cette chronique fait partie d’une série d’articles ayant pour thématique le personnage du général Zaroff. Vous pouvez retrouver la totalité des articles sur la page dédiée.

A New-York, l’équipage du Karaboudjan est massacré. Le district attorney John F.-X Markham est chargé de l’affaire. Pour l’aider, il essaye de joindre Lamont Cranston, mais c’est un autre personnage, tout aussi énigmatique, qui va lui proposer sont aide : le comte Zaroff…

La chose d’un ancien monde est un texte à double contrainte. Elle fait partie d’une série d’anthologie Les compagnons de l’ombre. On y croise les héros et les vilains de la culture populaire qui ont bercé notre enfance. Xavier Mauméjean s’est plié à la contrainte, mais il en a ajouté une seconde. Cette nouvelle est un hommage à l’Âge d’Or. Quand on lui demande lequel, il répond qu’il est question de l’Âge d’Or de l’imaginaire, aussi bien littéraire que cinématographique.
Le récit se découpe en deux parties distinctes. La première est une enquête, alors que la seconde est une traque, une chasse. Xavier Mauméjean est un spécialiste pour glisser des anecdotes réelles. Dans ce récit, nous pourrons en distinguer deux. Nous sommes dans les années 30. Apparemment, avant 1934, puisque Robert Moses n’a pas remis à neuf Central Park et que le smoking blanc vient d’être toléré dans les clubs new-yorkais. C’est cette ambiance réel/irréel qui marque l’histoire. Pour mieux marquer le jeu temporel du récit, Xavier Mauméjean glisse des indices. La chose du titre vient d’une expédition qui s’est terminée, le capitaine Haddock n’a pas encore rencontré Tintin et Zaroff n’a pas acheté son île. C’est d’ailleurs le personnage de Zaroff qui a toute son importance ici. Dans cette préquelle au Jeu le plus dangereux, on le trouve toujours aussi beau, esthète, cherchant à combler son ennui, mais, il n’est pas aussi maître de lui que dans les autres récits où il apparaît. L’auteur souligne que Zaroff éprouve  » de l’appréhension qui le faisait délirer ». Ce sont quelques mots qui changent un personnage. Quant aux autres personnages, ils sont dans un ton « serial/pulp » : le flic irlandais qui apprécie l’alcool, la femme séduisante qui a des répliques savoureuses, le procureur fatigué par les procédures et qui demande de l’aide d’un « vigilante ».
Là où le récit ne pourrait être qu’une suite de références, Xavier Mauméjean imbrique les personnages venant d’univers différents pour former un puzzle, comme seul New-York peut en comporter. On apprendra pourquoi le capitaine Haddock est devenu alcoolique, qui vend l’ïle au comte Zaroff, ou la relation entre Margo et Lois Lane. Si l’auteur nous donne les références à la fin du texte, d’autres plus anecdotiques, sont passées sous silence. Au lecteur attentif, de retrouver les œuvres, littéraires ou cinématographiques. Une véritable recherche de madeleine de Proust

La chose d’un ancien monde est une nouvelle qui mêle plusieurs ambiances, plusieurs références. Astucieusement arrangés, ces univers sont liés par l’ingéniosité et la connaissance de Xavier Mauméjean. Il en fait un récit cohérent qui permet au lecteur de se dire : « Et si ? »

LA CHOSE VENUE D’UN ANCIEN MONDE
AUTEUR : XAVIER MAUMEJEAN
LES COMPAGNONS DE L’OMBRE T4
DIRECTION D’ANTHOLOGIE : JEAN-MARC LOFFICIER
COLLECTION : RIVIERE BLANCHE
EDITIONS : BLACK COAT PRESS